Kashkazi, un journal à connaître et à défendre,

Publié le par DAMIAN974



Une fois n'est pas coutume, je vous livre ci-dessous un mail de la rédaction de Kashkazi, un journal comorien de qualité auquel je suis abonné :

 

Pourquoi Kashkazi ne sortira pas en novembre

 

Chers abonnés,

 

Kashkazi ne sortira pas ce jeudi 1er novembre 2007, contrairement à ce qui avait été annoncé dans le précédent numéro. Suite à des contraintes d'ordres humain et financier, la rédaction a dû se résoudre à reporter la publication du mensuel au mois de décembre. 28 mois après la naissance de Kashkazi, et un an après sa mue en version mensuelle, il s'agit de la première interruption de sa parution non souhaitée par la rédaction. Un coup dur !

 

Cette décision difficile à prendre, tant vis-à-vis de nos lecteurs et de vous, nos abonnés, que de l'équilibre financier de la société éditrice, Bangwe Production, est motivée par deux causes :

1-      l'un de nos journalistes a été très malade ces dernières semaines, ce qui a considérablement perturbé l'organisation interne de la société. Le journal ne comptant que trois journalistes –aidés par deux collaborateurs extérieurs et deux correspondants-, qui remplissent également les tâches de commercial, gestionnaire, maquettiste et distributeur, l'absence ne serait-ce que d'une de ces trois personnes pénalise considérablement la réalisation du journal dans les délais impartis.

2-      les conséquences de cette absence auraient pu être atténuées –par exemple grâce au report d'une semaine de la sortie du journal- mais une deuxième "tuile" s'est ajoutée à cette défaillance humaine : nous n'avons pas trouvé suffisamment de publicité pour assumer le coût de l'impression. Habituellement, nous avons besoin de trois pages de publicités en couleur pour espérer pouvoir payer notre imprimeur ; ce mois-ci, nous n'en remplissions qu'une demie… La trésorerie très limitée de la société ne nous permettant pas de faire face à un tel manque à gagner, et la volonté de la direction de ne pas se faire entraîner (question selon nous de respect vis-à-vis de nos! collaborateurs) dans la spirale de l'endettement, nous avons donc dû prendre la lourde décision de ne pas sortir en novembre.

 

Cette interruption démontre la fragilité de Kashkazi. En effet, plus de deux ans après sa naissance, et un an après sa mue, le journal continue de vivoter mois après mois. Si nous arrivions ces derniers mois à l'équilibre, jamais nous n'avons réussi à engranger des bénéfices. La volonté de la rédaction (nous rappelons que le capital de la société éditrice est détenu à 100% par ses trois journalistes fondateurs) de rester entièrement maîtresse du contenu du journal et de ne céder à aucune sirène politique ou économique, mais aussi d'éviter les annonces de type sensationnaliste et de privilégier l'analyse, le reportage et l'enquête dans la région, est en effet une véritable gageure dans le contexte économique, politique et culturel de l'archipel, où le lectorat reste très réduit. Cette indépendance que jamais nous ne dilapiderons, n'est pas sans conséquences : les annonceurs de Maore, qu! i constitueraient pour nous une manne financière non négligeable, refusent toujours de nous considérer en tant que support possible pour leurs publicités. Il s'agit bel et bien d'une censure économique, fondée sur les directives des patrons les plus influents qui, depuis les débuts de Kashkazi, espèrent sa mort, ainsi que sur des idées reçues à propos de notre titre et surtout de notre lectorat.

 

En espérant retrouver le chemin des kiosques (et, pour vous, du Web) dès la fin du mois de novembre, nous ne pouvons que vous présenter nos excuses, à vous, abonnés à la version électronique, qui par votre soutien nous permettez de poursuivre tant bien que mal notre combat pour une information indépendante -  il va de soi que cette interruption sera prise en compte dans votre forfait.

 

Par ailleurs, nous vous engageons à faire connaître autour de vous la fragilité de notre situation et à faire circuler ce texte, car l'avenir de Kashkazi dépend essentiellement de son succès dans les kiosques.

 

Amicalement.

 

La rédaction

Publié dans Espace Océan Indien

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article